De Montevideo-1930 à Doha-2022.. histoire d'un Mondial riche en événements (3ème partie)

De Montevideo-1930 à Doha-2022.. histoire d'un Mondial riche en événements (3ème partie)

Les années 1990 et le début du 21-ème siècle ont vu le Brésil revenir aux devants de la scène avec force, mais toujours talonné par l'Italie en terme de record de titres. Sur un autre volet, la Coupe du Monde s'est aventurée dans des territoires jamais explorés auparavant, où le football n'est pas le sport roi, comme les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud.

- 1990 : LE KAIZER EN TANT QU'ENTRAINEUR
L'anti- jeu a pris les devants sur le spectacle lors du Mondial italien au cours duquel 16 cartons rouges et 164 avertissements ont été brandis par les hommes en noir, alors qu'au niveau efficacité seulement 115 buts ont été inscrits, soit la moyenne la plus faible par match depuis la création de l'épreuve (2,21). Le jeu brutal et dur, ainsi que la pratique quasi-généralisée du système de 3-5-2 vont pousser la FIFA à réformer les règles du football en modifiant la loi du hors-jeu et les prises de balle à la main des gardiens de but.
En match d'ouverture, on assiste au premier coup de théâtre de cette édition. L'Argentine, tenante du titre, est battue 0-1 par le Cameroun, premier pays africain à se hisser jusqu'au stade des quarts de finale, après un deuxième succès face à la Roumanie (2-1) et une défaite contre l'URSS (0-4) dans un match sans enjeu pour les coéquipiers de Roger Milla, déjà assurés de la qualification. En huitièmes de finale, le Cameroun bat la Colombie, grâce à deux buts de son vieux renard, Milla, qui, à l'âge de 37 ans, est considéré comme la grande révélation, volant la vedette à bien d'autres stars. Les Camerounais pécheront malheureusement par naïveté et manque d'expérience contre l'Angleterre (3-2) en quarts de finale, ou l'on retrouvera l'Allemagne, difficile vainqueur de la Tchécoslovaquie (1-0), l'Italie, qui a défait la République d'Irlande (1-0) et l'Argentine, qui ne doit son salut face à la Yougoslavie qu'à l'épreuve des tirs au but (0-0 a.p, 4 tirs au but a 3).
Les finalistes, l'Allemagne et l'Argentine, seront désignés après les séances des tirs au but (4 tirs au but à 3) aux dépens respectivement de l'Angleterre et de l'Italie.
En finale, le dernier mot reviendra aux Allemands, entraînés toujours par Beckenbauer, sur la petite marge du score (1-0), un troisième titre qui récompense une Allemagne réunifiée. Quoique finalistes, Maradona et ses coéquipiers ont beaucoup perdu de leur brio de Mexico-86. Ils sont largement en tête des fautes (177) et des cartons (122 jaunes et 3 rouges), contre seulement cinq buts marqués durant toute la compétition. "El Pibe de oro", blessé dans son âme, à de quoi quitter la pelouse en sanglots.

- 1994: NOUVEAU RECORD POUR LA SELECAO
Le foot arrive au pays du basket-ball et du base-ball. En confiant la Coupe du monde au pays de l'Oncle Sam, le président de la FIFA, le Brésilien Joao Havelange a la certitude de remplir les stades...et les caisses. Ce Mondial restera dans les annales avec Maradona, exclu définitivement de la compétition après vingt-et-un matches de Coupe du monde disputés, suite à un contrôle antidopage positif à l'éphédrine. La FIFA modifiera, une nouvelle fois, les règles de jeu, en vue de favoriser le jeu offensif. Une victoire rapporte désormais trois points, le hors-jeu recule d'un cran en se situant devant le dernier arrière et non plus sur la même ligne, les attaquants sont protégés contre les tacles durs...etc.
Les trois pays africains, le Maroc, le Cameroun et le Nigeria, quitteront tôt la compétition, les deux premiers au premier tour, et le troisième en huitièmes face à l`Italie. Celle-ci était menée à la marque sur un but d'Amunike (25-è), mais à deux minutes de la fin, le génie italien Roberto Baggio remettra les pendules à l'heure avant de réussir le coup de grâce sur un penalty sifflé au cours des prolongations. Si le Nigeria a quitté la compétition avec les honneurs, en signant deux victoires contre la Bulgarie (3-0) et la Grèce (2-0), le Cameroun, drivé par Henri Michel, a déçu en concédant deux lourdes défaites face au Brésil (3-0) et la Russie (6-1), et un match nul contre la Suède (2-2), alors que le Maroc est passé à côté de son football avec trois défaites face à la Belgique (0-1), à l'Arabie Saoudite (1-2) et aux Pays-Bas (1-2).
Au chapitre des déceptions, l'on trouve également l'Argentine, balayée en huitièmes par la Roumanie de Hagi et l'Allemagne, tenante du titre, freinée en quarts par les Bulgares (1-2). Dans le quatuor final, la logique a été respectée. La Bulgarie et la Suède ont été battues respectivement par l'Italie (1-2) et le Brésil (0-1), qui se trouvent en finale pour un remake de Mexico-70. Le 17 juillet à Los Angeles, ville des méga stars de tous genres, le vainqueur signera un nouveau record de quatre trophées. A l'issue d'une finale sans précédent, score vierge après prolongations, le Brésil est couronné. Romario, Bebeto et compagnie sont désormais les maîtres du ballon rond. La Seleçao renoue avec le succès final après les éditions de 1958, 1962 et 1970. En ce temps, Ronaldo ne faisait qu'admirer les prouesses de ses aînés Romario-Bebeto à partir du banc. Dans l`hexagone, +El Fenomeno+ sera la principale attraction.

- 1998: PREMIER SACRE MONDIAL POUR LA FRANCE
La France, pays hôte qualifié d'office, a enfin décroché son premier titre mondial lors d'un tournoi d'une grande qualité technique, endeuillé toutefois par la disparition du co-président de l'organisation de la compétition (avec Michel Platini) Fernand Sastre, qui s'est éteint des suites d`une maladie. Au cours de la finale face aux tenants du titre brésiliens, officiée de main de maître par le Marocain Said Belqola, Zinédine Zidane marque deux buts de la tête sur corner en première mi-temps, puis Emmanuel Petit parachève le score (3-0) en fin de match.
En battant les Pays-Bas 2 à 1, la Croatie obtient la troisième place du mondial pour sa toute première participation. Le Croate Davor Šuker finit meilleur buteur avec 6 réalisations en 7 matchs. Les Pays-Bas, quant à eux, arrivent pour la troisième fois dans le dernier carré mais contrairement à 1974 et 1978, ils ne parviennent pas en finale.
Au cours de cette 16-ème édition, le public a eu droit à 64 chocs et les filets ont tremblé pour son grand plaisir 167 fois, soit une moyenne de 2,67 buts par match. Parmi les scores fleuves qui ont marqué cette compétition, ceux enregistrés au premier tour par l'Argentine face à la Jamaïque (5-0), les Pays-Bas aux dépens de la Corée du Sud (5-0) et l'Espagne contre la Bulgarie (6-1). Ce dernier succès n`a pas suffi pour que les coéquipiers du gardien Zubizareta passent le premier tour. Ce fut d'ailleurs l`une des grandes surprises de cette édition.

- 2002: LE BRESIL, VAINQUEUR TRADITIONNEL POUR UN TOURNOI EXCEPTIONNEL
Le Japon et la Corée du Sud organisent conjointement l`épreuve en 2002, expérience inédite dans l'histoire de la Coupe du monde. La France, vainqueur de l'édition précédente, est qualifiée d`office, de même que les pays organisateurs. Remportée par le Brésil après sa victoire sur l'Allemagne (2-0), l'édition 2002 a été, en outre, marquée par la présence de trois pays asiatiques (Japon, Corée du Sud et Chine), le retour de l'Uruguay en phase finale et l'avènement des équipes slovène, équatorienne et sénégalaise au plus haut niveau mondial. Cette coupe du monde a été remportée par l'équipe du Brésil pour la cinquième fois.
Le constat général est que le Mondial asiatique, un tournoi très exceptionnel dans l'histoire de cette compétition a été remporté par une puissance traditionnelle. Cette phase finale donne lieu à de nombreuses surprises, au premier rang desquelles figurent les éliminations prématurées et successives d`équipes favorites comme la France, champion en titre, l'Argentine, le Portugal, puis l'Italie et l'Espagne. La présence de nations représentant les cinq continents lors des quarts de finale de la compétition constitue également un évènement inédit dans l'histoire de la Coupe du monde.
En outre, si les Etats-Unis, le Sénégal et la Turquie marquent l'édition 2002 de leur empreinte, développant un jeu en tous points remarquable tant du point de vue technique que tactique, le Brésil en est incontestablement la vedette. Ronaldo (héros de la finale et meilleur buteur de la compétition avec 8 réalisations en 7 rencontres) et ses coéquipiers remportent en effet un cinquième titre aux dépens d'une surprenante équipe d`Allemagne, solide malgré les critiques et les incertitudes quant à sa véritable valeur.
Côté tactique, le premier Mondial du siècle n'a pas connu de vraie révolution. A noter cependant un retour en force d'une organisation à trois défenseurs et le choix de procéder par contres, auquel ont cédé beaucoup d`équipes. Aucune audace particulière n'a triomphé sur le plan du jeu. La victoire du Brésil, la présence de la Turquie et d'une Corée du Sud très offensive dans le dernier carré, prouvent que les valeurs techniques ne sont pas complètement dépassées, même si elles ne font plus la loi. Cette Coupe du monde 2002 n'a donc rien inventé mais remis au goût du jour un système de jeu à trois défenseurs que le 4-4-2 avait éclipsé depuis 1998. Trois des quatre demi-finalistes (Brésil, Turquie, Corée) en ont fait leur religion pendant tout le tournoi. Le quatrième, l'Allemagne, adepte historique de la formule, en avait fait son plan de bataille quatre fois sur six avant la finale, avant de l'abandonner pour défendre à plat.

- 2006: ET DE QUATRE POUR LA SUADRA AZZURA
Trente-deux équipes ont participé à la compétition, dont cinq africains, à savoir l'Angola, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo et la Tunisie. L'Allemagne est qualifiée d'office en tant que pays organisateur. Pour la première fois, l'équipe championne du monde en titre n`est pas qualifiée d'office pour la phase finale. Le Brésil a dû donc participer à la phase qualificative de la zone sud-américaine. Sept équipes ont fait leur baptême de feu en phase finale du Mondial, à savoir l`Angola, la Côte d'Ivoire, le Ghana, la République tchèque, le Togo, Trinité-et-Tobago et l'Ukraine. Le record de novices est détenu par la Coupe du monde 1934 avec dix nouvelles équipes.
Ce fut, également, la première coupe du Monde depuis 1982 à présenter des équipes des six confédérations. Cette édition a également vu quatre joueurs rejoindre le cercle des footballeurs à cent sélections en équipe nationale. Il s`agit de l'Italien Fabio Cannavaro, du Néerlandais Philip Cocu, du Serbe Savo Milosevic et du Sud-Coréen Lee Woon-jae. Fabio Cannavaro obtient sa centième sélection lors de la finale du tournoi. La compétition s'est disputée sur deux tours.
Lors de la finale, jouée à Berlin le 9 juillet 2006, la France prend l'avantage dès la 7è minute de jeu sur un penalty de Zidane , qui le marque d'une panenka qui touche la barre transversale et rebondit derrière la ligne de but du gardien italien Buffon. L'égalisation italienne intervient grâce à Materazzi qui reprend victorieusement un corner de Pirlo à la 19è minute. A la fin du temps réglementaire, le score est de un partout, et aucun but n'est marqué lors de la prolongation. Aux tirs au but, le deuxième tireur français David Trezeguet manque sa tentative, alors que le cinquième tireur italien Fabio Grosso marque et donne la victoire à l'Italie sur le score de 5-3 aux tirs au but. L'Italie s'impose 5 à 3 et devient championne du monde pour la quatrième fois et s'approche du record de cinq titres détenu par le Brésil. La scène marquante de cette finale restera, toutefois, la fameuse altercation entre Zidane et Marco Materazzi, qui a valu à l'international français un carton rouge à la 111è minute, pour avoir asséné un violent coup de tête à l'Italien.